Un jour, un inconnu sonne à la porte de l’artiste. Un air de ressemblance est perceptible, et, en effet, il s’agit d’un demi-frère qu’il n’avait jamais rencontré. En faisant des recherches, l’artiste découvre que soixante-trois personnes portent le même nom de famille : Teti. Cet épisode est la source de cette série qui rassemble soixante-deux portraits, un pour chaque membre de la « famille », fictive et reconstituée.
Le protocole est invariablement le même. Une personne (un ami, quelqu’un rencontré par le biais d’annonces dans la rue ou sur internet) est invitée à venir chez l’artiste, qui réalise son portrait. Puis le modèle prend en retour une photographie de l’artiste, assis dans la même pose, mimant les gestes observés lors de la prise de vue.
Au moyen d’un logiciel de morphing et d’un travail de retouche, les deux portraits (celui de l’artiste et celui du modèle) sont amalgamés, formant ainsi un nouveau visage contenant des caractéristiques des deux personnes mais dans lequel les traits de l’artiste restent visibles. Les portraits sont ensuite accompagnés de récits trouvés en ligne de personnes à la recherche d’un frère ou d’une sœur qu’ils n’ont pas connus, ainsi que d’arbres généalogiques.
Le dispositif de prise de vue renforçant les ressemblances (neutralité des expressions et du fond, cadrages identiques, unité d’âge des modèles), on perçoit chaque fois dans les images un « air de famille », qu’il s’agisse de portraits d’homme ou de femme. L’invitation à venir se faire photographier dans l’appartement de l’artiste devient en définitive une invitation à entrer dans sa famille, jusqu’à s’inscrire dans ses traits.